Au bord de la guerre – L’édito de Patrice Chabanet
Ce ne sont plus des escarmouches, mais de véritables combats qui opposent Turcs d’un côté et l’alliance russo-syrienne de l’autre. La mort de 33 soldats d’Ankara a ravivé le conflit. Elle a surpris par son ampleur. Elle place Erdogan sur la défensive, ce qui n’est pas la meilleure position pour celui qui se prend pour le sultan de l’empire ottoman. Le leader turc paie ses errements stratégiques, en ballottant entre les Etats-Unis et la Russie. N’oublions pas que la Turquie, membre de l’OTAN a acheté des missiles SS400 à la Russie à la fin de l’année dernière. A l’évidence, ils n’ont été d’aucune utilité contre les chasseurs bombardiers …russes.
Comme tout animal blessé, Erdogan reste dangereux. Il sait appuyer là où ça fait mal. Il a menacé d’ouvrir la frontière aux migrants qui veulent rejoindre l’Europe. Certains sont déjà à la frontière grecque. Et d’un seul coup, il demande à l’OTAN de l’assister en jouant la corde antirusse. Or on ne voit pas l’Alliance s’embourber dans un nouveau conflit proche-oriental, avec la Russie dans le jeu.
Cela dit, la menace de laisser partir des dizaines de milliers de réfugiés est à prendre au sérieux en Europe. La montée des nationalismes s’est bâtie sur la crise migratoire, notamment en Allemagne. Une nouvelle immigration en masse et désordonnée ne pourrait qu’exacerber les sentiments xénophobes dans plusieurs pays européens.
Bref, ce qui se passe dans le Nord-Est de la Syrie devient incontrôlable. Une probable confrontation Russie-Turquie nous propulse vers un inconnu qui n’a rien de réconfortant.