Des atouts – L’édito de Christophe Bonnefoy
La France va mal. C’est sans doute l’idée la plus répandue par les temps qui courent. En tout cas au café du coin mais aussi, avouons-le tout de même, au sein d’une frange plus large de la population, sans doute à juste titre. Les événements des derniers mois ne vont d’ailleurs pas démentir ceux qui craignent pour leur avenir. L’avenir, tout court.
Le pays va bien ! Tout le contraire. Et ça, pour le coup, c’est ancré dans au moins une tête : celle du président de la République. Modérons, toutefois, sa pensée : tout n’est pas rose, mais la France a des atouts, qu’il faut savoir vendre au reste de la planète. Elle a un potentiel, comme on dit. Il faut donc évidemment se réjouir des quatre milliards de contrats – minimum – que vient d’annoncer l’exécutif, mais en ayant conscience, parallèlement, qu’on n’aura pas réglé tous les problèmes du pays par la vente de deux paquebots. Ou pire, qu’un succès un jour peut laisser la place à de mauvaises nouvelles le lendemain.
C’est tout le paradoxe, entre la crise sociale qui secoue le pays depuis la naissance du mouvement des Gilets jaunes et la réalité économique, contrastée, mais encourageante sous bien des aspects. En pleine contestation de la future réforme des retraites, “Choose France”, vaste opération, à la fois de communication – ne nous leurrons pas – et de séduction des investisseurs étrangers, arrive à point nommé pour Emmanuel Macron. Vendredi soir, à Paris au théâtre des Bouffes du Nord, il a été le spectateur de cette exaspération qui, parfois, se transforme en colère incontrôlée. Puis hier à Dunkerque et à Versailles, l’acteur de ce qu’il aimerait être le début d’une série à succès.