Semaine décisive – L’édito de Patrice Chabanet
Plus de 60 % des Français continuent à soutenir ou à éprouver de la sympathie pour les grévistes de la SNCF, si l’on en croit les derniers sondages (Odoxa). Mais dans le même temps une majorité d’entre eux a une mauvaise opinion de la CGT (63 %). Ces deux chiffres ne peuvent que conforter les deux camps dans leur détermination avant une semaine de négociations et de manifestations. Les adversaires irréductibles du projet de réforme y verront surtout un soutien de la population. L’exécutif décèlera, au contraire, dans la défiance à l’égard des cégétistes, une raison de plus de maintenir son projet. A peine un tiers de Français prône d’ailleurs sa suppression pure et simple. La moitié d’entre eux reste opposée à la date pivot. Sans faire de raccourci rapide, il semblerait donc que la population se reconnaît davantage dans les positions de la CFDT que de la CGT. Son leader, Laurent Berger est resté silencieux ces dernières semaines. Ce soir il fera une réapparition télévisée. On se doute que son absence médiatique a été mise à profit pour négocier discrètement avec l’exécutif. La tonalité de son propos nous dira si son opposition qui se cristallise autour de la date pivot reste intacte. Dans ce cas on peut déjà annoncer que les négociations de cette semaine ne donneront rien. En revanche, un rapprochement sur ce point crucial peut donner l’espoir d’une fin de crise non pas « rapide » comme l’a souhaité Emmanuel Macron dans ses vœux, mais progressive. Ce conflit confirme aussi la défiance des Français à l’égard de la classe politique. Ils sont deux sur trois à désapprouver le chef de l’Etat et trois sur quatre à ne pas accorder leur confiance à l’opposition. En d’autres termes, en l’état actuel des choses, l’alternance ne changerait rien. Tout se passe comme si nos compatriotes ne sentaient pas leur classe politique à la hauteur des enjeux d’aujourd’hui et de demain (révolution numérique, ubérisation etc.) : pas de vision, pas de projet. Le mal français ne peut se résumer à la question des retraites.