Accumulation – L’édito de Christophe Bonnefoy
A cumuler les approximations, on multiplie le risque de voir fissurer le projet d’ampleur pour lequel on a été mandaté. Une simple omission est pardonnable. Deux, voilà qui devient agaçant. Trois, quatre, cinq et plus, c’est carrément suspect ou pour le moins révélateur, de la part d’un représentant de l’Etat, d’un certain sentiment de toute-puissance.
Ainsi, Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire aux retraites, avait préalablement, dans sa déclaration d’intérêt, fait état de trois mandats à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique. Dix de moins que la réalité. Il regrette simplement une « erreur ».
Mais il sort pour le coup extrêmement fragilisé d’une maladresse, pour ne pas dire affaire, qui tombe très mal. Au moment précis où la très contestée réforme des retraites n’a pas du tout besoin que la probité de son maître d’œuvre soit remise en cause. Jean-Paul Delevoye en délicatesse, c’est le projet qui part sur de mauvaises bases. Son contenu avait allumé le feu. Les omissions du ministre alimentent l’incendie.
Ainsi, ce projet de réforme – et ses ratés, notamment en termes de communication – a réussi à provoquer des grèves persistantes dans les transports. Aussi, à exacerber des colères pas seulement liées aux retraites. Et, c’est presque étonnant tant ils semblaient inaudibles depuis des années, à redonner de la voix aux syndicats. Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, est partout. Et il lui est facile de trouver les arguments contre la réforme. Il faut dire que lui et ses homologues des autres syndicats, n’ont même pas à aller chercher bien loin. Sur l’âge pivot par exemple. Le Premier ministre a lui-même tendu le bâton pour se faire battre. Les syndicats n’avaient plus qu’à l’attraper.