Des doutes – L’édito de Christophe Bonnefoy
Faut-il se réjouir de la réouverture partielle de l’usine Lubrizol, seulement trois mois après le gigantesque incendie qui avait pourri la vie des Rouennais ? La réponse – ou au moins les doutes qui l’accompagneront – est dans la question.
Economiquement, évidemment, la relance de l’activité ne peut que rassurer les 370 salariés de la société. Malgré la gravité du sinistre au sein de l’entreprise classée Seveso seuil haut, les conditions semblent réunies pour se remettre au travail sans risques.
Mais c’est bien là que le bât blesse. Elles “semblent“ réunies. Trois mois, voilà qui est à la fois long et court. Un trimestre sans activité : compliqué pour faire tourner la boutique, comme on dit.
En même temps, sur l’aspect environnemental et ce qui en découle – la santé des populations – il y a de quoi s’interroger. Douze semaines pour remettre en route la machine, même partiellement, ça peut paraître bien court. Trop court.
L’enquête judiciaire n’est pas terminée. Et on ne peut pas dire que l’information aux habitants ait été d’une grande clarté. Aujourd’hui, on ne connaît pas le fin mot de l’histoire. Les associations, écologistes notamment, sont vent debout contre un redémarrage, même partiel et annoncé comme sans danger, alors qu’on n’a même pas encore complètement compris comment un tel sinistre a pu se déclencher. Ni pourquoi il a été aussi maladroitement géré. Même pas certain qu’on ait d’ailleurs tiré toutes les leçons nécessaires, à tous niveaux. Et notamment évalué précisément les conséquences en termes de santé publique. On ne parle pas ici de produits anodins, mais de substances chimiques…