S’organiser – L’édito de Christophe Bonnefoy
Un mouvement de grève, ça s’organise. Dans tous les sens du terme. Tant du côté de ceux qui ont décidé d’investir la rue que des autres qui, par choix ou par obligation, devront aujourd’hui tenter d’aller travailler.
Ne parlons pas des retraités – pas qu’eux d’ailleurs – qui ne se sentiraient pas concernés par la future réforme et qui auront tout intérêt à rester au chaud. A la maison.
Car ce 5 décembre est annonciateur de bien des tracas. Les manifestants auront une crainte, en tout cas dans la capitale : que les casseurs ne viennent pourrir l’ambiance et rendent inaudible un combat pourtant légitime. Les autres savent à quoi s’en tenir. Les prévisions de la SNCF ont donné le ton mardi soir. On frôle les 100 % de blocage, notamment pour les TGV. Un TGV sur dix seulement sur les rails ; ce n’est pas aujourd’hui que les records de vitesse seront battus. Le taux d’exaspération sera, lui, sans doute très élevé chez les voyageurs. L’agacement sera là aussi, chez les parents d’élèves, chez les patients… Et pas seulement. Bon courage…
Mais au-delà des gênes que toute grève provoque, ce jeudi est bien autre chose, même si c’est déjà beaucoup, qu’un simple jour de protestation contre la future réforme des retraites. Et pour le coup, elle n’inquiète pas que ceux qui bénéficient d’un régime spécial, comme on dit, mais tous les Français. L’enjeu est de taille. Si on y ajoute un sentiment plus ou moins diffus que plus rien ne va, on comprend que le gouvernement a tout intérêt à entendre la colère qui va s’exprimer aujourd’hui. Elle n’est pas gratuite.