Partie d’échecs – L’édito de Christophe Bonnefoy
Ça commence comme un mot d’ordre à contester la réforme des retraites. Puis au fil des semaines, même si l’appel est toujours le même, il cristallise un peu plus chaque jour les mécontentements d’un peu toutes les tranches de la population. Du privé au public. Des cheminots aux policiers. Des infirmières aux taxis. Des enseignants aux avocats…
Certes, la date du 5 décembre sera officiellement dédiée à ces retraités et futurs retraités, dont on ne sait pas vraiment à quelle sauce ils vont être mangés, maintenant, demain ou après-demain. Les banderoles dénonceront ce projet de réforme qui veut sauver le système, qui revendique d’y injecter une égalité de traitement. Divergence de vues, d’autres considèrent à l’inverse que la future réforme sera totalement inégalitaire.
Ce jeudi qu’on annonce noir sera surtout, et c’est pour cela qu’il peut être un, voire le marqueur de ce quinquennat, un mouvement qui reprendra, peu ou prou, ce qui est venu installer les Gilets jaunes sur les ronds-points. La vaste – ou pas vaste, on verra – traduction de revendications qui ne sont pas seulement liées au nombre d’années qu’il nous faudra travailler.
Le gouvernement l’a bien compris. Tout comme les syndicats. Le premier prépare activement cette date fatidique du 5 décembre. Edouard Philippe sait bien que du succès de la mobilisation dépendra grandement la fin du quinquennat, au moins en termes d’apaisement social. Les seconds, eux, mettent la pression. Affaiblis, ils voient en ce jeudi l’occasion de reprendre un peu de couleurs et l’espoir de peser à nouveau dans les futures négociations. On assiste, depuis quelques jours, à une sorte de partie d’échecs, voire à une bataille navale.
Jeudi soir, on aura une idée un peu plus précise de “l’après”.