Presque banal – L’édito de Christophe Bonnefoy
D’abord une suspicion d’attaque terroriste. Logique. La prudence. Puis un événement qualifié d’incident. Majeur, certes. Mais incident, tout de même.
Entre les deux, sur nos écrans de télévision ou sur les ondes, le déroulé des faits. Une attaque au couteau, des passants qui s’interposent et des policiers londoniens qui abattent l’assaillant. Des blessés. Certains gravement touchés, puis des morts ; on le saura plus tard. Puis la confirmation, en fin d’après-midi, que la première hypothèse était la bonne. Et même, que le terroriste avait peut-être sur lui une ceinture d’explosifs. Ils se révéleront factices.
Au-delà des actes eux-mêmes, qui sont évidemment terribles, ce sont les mots utilisés par les autorités, qui donnent l’impression d’une banalisation. Incident. Bien sûr, personne ne minimise, mais on s’habitue. Disons que nos sociétés ont intégré l’éventualité que de tels actes se produisent. Chez nous, depuis 2015, entre autres. En Grande-Bretagne, elle aussi déjà touchée ces dernières années. Mais aussi ailleurs.
Pour autant, banaliser ne veut pas dire relâcher l’effort. Intégrer ne signifie pas prendre le risque de laisser le champ libre aux fous de dieu.
Certes, des attaques ciblées et/ou de grande ampleur sont toujours possibles. Mais, d’une part, les services concernés ont sans doute, dans nos pays, déjà déjoué des dizaines d’attentats. D’autre part, on l’a vu hier sur London Bridge, la réaction des forces de l’ordre a été immédiate.
Si on a fini par ne plus être étonné lorsque l’horreur cherche à nous déstabiliser, on sait, aussi, que lorsqu’elle vient frapper à notre porte, on sait, aujourd’hui, réagir. Vite.