Le dernier mot – L’édito de Christophe Bonnefoy
Elle aura le dernier mot. La nature sera la plus forte, au bout du compte. Le tremblement de terre ressenti hier dans la Drôme peu avant midi nous en fournit la preuve. Scènes inhabituelles, chez nous, que ces murs qui tremblent, voire se fissurent. Les images sont habituellement lointaines. D’Indonésie, de Turquie et d’ailleurs…
On connaît pourtant depuis des décennies la fragilité de cette façade Sud-Est de l’Hexagone. On sait pertinemment qu’un jour ou l’autre, le pire interviendra. Seule parade, ici : construire suffisamment solide pour ne pas voir nos maisons tomber comme de vulgaires châteaux de cartes.
Reste que la nature nous montre, encore une fois, sa force bien sûr, mais en même temps son extrême fragilité. Les conséquences possibles de ses caprices, ou tout simplement de ses faiblesses, – voire de ce qui en fait tout simplement le cours normal – nous obligent. Avant tout à ne pas considérer que l’humain est roi. Qu’il est le plus fort. Que rien ne peut lui arriver. Bien au contraire. Il convient aux pions que nous sommes, finalement, de ne pas précipiter la chute, lorsque cela est possible. Et de rester conscient que l’équilibre est précaire.
Un tremblement de terre est certes difficilement contrôlable. Le réchauffement climatique, lui, semble inéluctable. Mais on peut, au minimum, retarder l’échéance. Le limiter.
La nature est reine. C’est elle qui décidera. On doit, nous, à notre humble niveau, au moins essayer de sortir de nos égoïsmes, de notre confort destructeur. Et pour une fois considérer que c’est à nous de la servir. Et non l’inverse.