Mauvais procès – L’édito de Christophe Bonnefoy
Imbéciles, délinquants, criminels, sauvageons, irresponsables, abrutis… certes, les mots ont leur importance. Mais faut-il vraiment que la politique ne soit plus qu’un ring de boxe – où tous les coups seraient permis -, pour que les propos du Premier ministre sur l’incendie de Chanteloup-les-Vignes en viennent à ne plus être commentés sur le fond, mais uniquement sur la forme ? Oui, les quelques énergumènes qui ont mis le feu à un chapiteau samedi soir sont des imbéciles. Oui, ce sont des irresponsables. Ils n’ont pas compris, ou feignent de ne pas comprendre, que l’infrastructure qu’ils ont ciblée jusqu’à la réduire en cendres n’est pas le symbole d’un Etat qu’ils diraient oppresseur. Leur réflexion ne va d’ailleurs sans doute pas jusque-là. Cet équipement culturel au cœur de quartiers qu’on dit difficiles était, tout simplement, un beau projet, abouti, utile, nécessaire même, qui aura coûté quasiment un million d’euros. Payé sûrement indirectement par les impôts de leurs parents. Fréquenté, sans doute, par leurs frères, leurs sœurs.
Ici, point de revendications sur l’art de vivre à Chanteloup. Mais plutôt ce qui est devenu un goût pour la violence, la destruction totalement gratuite, l’excitation, en partie, de tendre des guet-apens aux forces de l’ordre ou aux pompiers.
Et en filigrane, il ne faut pas se voiler la face, la mainmise sur les quartiers. Sur ces bouts de territoire, zones de non-droit, terrain des trafics illicites très lucratifs.
Pour, au bout du compte, une toute petite minorité qui vient pourrir la vie d’une énorme majorité. Depuis des décennies.