Au ralenti – L’édito de Christophe Bonnefoy
Vouloir le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la crémière. Voilà, presque, comment on pourrait résumer le mouvement des cheminots. Aussi légitime qu’elle puisse être, cette grève – ou droit de retrait au départ, c’est selon – est en train de se transformer en sorte de creuset à revendications multiples. Un genre de chaudron dans lequel chacun viendrait déverser un peu tout et n’importe quoi. Y compris le moins acceptable. Mais comme on dit, qui ne tente rien n’a rien…
Les salariés de la SNCF ont des revendications. Ils en ont tout à fait le droit. Il serait même irresponsable de la part du gouvernement de ne pas entendre leur malaise. Et d’essayer d’y répondre, bien évidemment. Ça s’appelle savoir s’écouter mutuellement, négocier et tomber d’accord sur un compromis. Par exemple sur la présence de contrôleurs dans certains trains, en plus de l’unique conducteur. Ou encore sur la pénibilité du travail, dans quelques secteurs de ce qu’on nommait traditionnellement les chemins de fer.
Mais certains ont aussi, allez soyons fous, la tentation de vouloir changer les règles, jusqu’à réclamer ce qui risque de les mener droit dans le mur : le paiement pur et simple des heures de grève. Les usagers/clients/voyageurs apprécieront, eux qui depuis le 16 octobre et l’accident de TER dans les Ardennes, rament pour se rendre à leur travail ou galèrent pour réussir à s’octroyer quelques jours de vacances. Eux, au mieux, se verront rembourser leur billet. Mais n’auront peut-être pas eu l’occasion d’atteindre leur destination. Impossible en l’occurrence de rattraper le temps perdu.
Une situation qui risque de perdurer, voire empirer, dans l’attente du mouvement de grève du 5 décembre contre la réforme des retraites.