Tout repenser – L’édito de Christophe Bonnefoy
Le débat sur le voile phagocyte les autres sujets. Il est même devenu un enjeu électoral, ne soyons pas dupes.
Dans cette ambiance, difficile d’être audible sur d’autres problématiques. Et pourtant. Plus de 120 femmes ont été tuées par leur conjoint depuis le début de l’année. Voilà qui oblige à ne pas se boucher les oreilles. Et à saisir l’urgence qu’il y a, au moins à étudier les pistes du Grenelle consacré aux violences conjugales.
Et en l’occurrence, les premières réponses apportées par Marlène Schiappa font naître un curieux sentiment. On a nettement l’impression qu’on part quasiment de zéro. Que la violence intra-familiale et plus précisément de la part des conjoints, a longtemps été dénoncée. Mais jamais vraiment traitée en profondeur…
Les propositions du groupe de travail, qui donneront lieu à l’annonce de mesures concrètes de la part du gouvernement le 25 novembre, sont d’un tel bon sens qu’on se demande comment on a pu laisser pendant tant d’années la violence du lâche arracher autant de vies.
L’accueil des victimes et la prise en compte de leur détresse dans les commissariats ? On pensait naïvement que c’était acquis. Le rôle essentiel du corps médical dans l’alerte de situations d’urgence ? On imaginait innocemment que depuis bien longtemps, on ne pouvait laisser une femme en grave danger repartir vers son bourreau. Bien sûr, il y a le fameux secret médical… Désarmer – aussitôt – les maris violents ? On se rend compte seulement maintenant de cette nécessité ? Auparavant, on pensait peut-être qu’un loup était capable de se transformer en agneau comme par magie ?
Tout est à repenser dans la lutte contre les violences conjugales. Tout est à imposer, pourrait-on dire. Tout ce qui oriente vers des mesures concrètes va forcément dans le bon sens. Mais que de temps perdu… et de victimes pour qui il est déjà trop tard…