Un doux rêve – L’édito de Christophe Bonnefoy
Qu’il est bon de rêver. Mais quand le mot s’adjoint le qualificatif de “doux”, on touche à l’utopie. La grande Europe, la belle Europe. On aimerait croire que les idées qu’elle nous vend sont le gage d’une prospérité durable, d’un bonheur parfait. Mais l’Europe est comme une famille – nombreuse ou pas d’ailleurs – : on aimerait que tout le monde s’aime, mais les histoires ne tardent jamais très longtemps à pourrir l’ambiance.
Il y a ainsi fort à parier qu’au prochain réveillon de Noël, Emmanuel Macron et Sylvie Goulard auront comme par enchantement oublié de déposer les cadeaux sous le sapin bruxellois. On peut même imaginer qu’ils vont tous deux garder longtemps en mémoire le camouflet infligé par le Parlement, qui a massivement rejeté la candidature de l’ex-ministre à la Commission européenne. Certains plats se mangent froid… On risque bien, lors des prochaines réunions de famille, de se donner des coups de pied rageurs sous la table. Si possible là où ça fait mal.
L’Europe ? C’est, aussi, le long feuilleton tout aussi indigeste du Brexit. Peu importe, finalement, que la Grande-Bretagne coupe les ponts au 31 octobre. L’interminable saga du “je reste, je pars, mais peut-être que…” a de toute façon réussi à dégrader encore un peu plus l’image d’une UE qui, une nouvelle fois, a bien du mal à accorder ses violons. Et dans ce Brexit, on n’en est d’ailleurs peut-être pas tout à fait à l’épilogue…
Dans le dossier, turc, on attend de voir. Mais ici, l’Europe risque bien, c’est récurrent, de se cantonner aux avertissements d’usage. Sans effets sur un pays qui, ne l’oublions pas, négocie depuis 2005 pour faire partie du club.
Soupe à la grimace en vue autour de la table !