En plein délire – L’édito de Christophe Bonnefoy
Donald Trump est décidément impayable. Et on pourrait en rire, s’il n’était pas en train de transformer tout ce qu’il touche en potentielle bombe. L’offensive turque contre les Kurdes dans le nord-est de la Syrie est suffisamment dramatique et dangereuse, pour qu’on ne s’autorise pas à faire le show à des fins électorales. Car c’est finalement bien de cela qu’il s’agit.
« (…) Les Kurdes ne nous ont pas aidés pendant la Seconde Guerre mondiale. Ils ne nous ont pas aidés en Normandie, par exemple ». Ainsi a parlé le grand manitou américain. Effarant. On pourrait, peut-être, lui demander si les Inuits ont pris les armes pour contribuer à la libération de notre pays ? Et quelles conclusions il souhaite en tirer ? Tout aussi abracadabrantesque.
On sait, depuis son arrivée à la Maison Blanche, que Donald Trump est entré dans un processus d’enfermement. L’Amérique, seulement l’Amérique. Il refuse désormais, pour son pays, le rôle de gendarme du monde.
Mais en l’occurrence, la décision d’Erdogan de s’attaquer aux Kurdes – qu’il considère comme des terroristes – revient tout bonnement à vouloir mettre hors d’état de nuire ceux-là mêmes qui luttent depuis des années contre Daesh. Et donc à ouvrir les portes des prisons. Celles, précisément, dans lesquelles les terroristes – les vrais – ont été enfermés. On imagine aisément la conséquence d’une telle inconscience.
Le Président turc la joue quelque part à la Trump : il agit quand il veut, comme il veut et où il veut. La grande question maintenant : à l’heure où la plupart des pays s’offusquent de l’offensive contre les Kurdes, assistera-t-on à l’habituel tollé improductif ou arrivera-t-on à faire pression sur la Turquie pour freiner un Erdogan en roue libre ?