Pas clair – L’édito de Christophe Bonnefoy
L’affaire du jeune homme noyé à Nantes lors de la Fête de la musique n’a évidemment plus rien du simple fait divers. La disparition de Steve Maia Caniço – il ne faut pas oublier, dans cette histoire, qu’il y a eu mort d’homme -, va bien au-delà d’une soirée qui aurait mal tourné. Dès le lendemain des faits, il était d’ailleurs évident qu’il y avait là un drame supposé qui pouvait vite se transformer en bombe potentielle, politiquement parlant.
Drame il y a donc eu. Le corps du jeune animateur a été retrouvé lundi. Et situation très embarrassante il y a également. L’intervention, hier, du Premier ministre, a montré à quel point la vérité sera difficile à établir. D’un côté, selon Edouard Philippe, il n’y aurait « pas de lien » entre l’intervention des forces de l’ordre et la mort de Steve. Mais dans le même temps, encore selon le Premier ministre, « le déroulement de cette soirée, l’enchaînement des faits, restent confus ». Rien n’est donc clair.
On peut supposer que du côté du gouvernement, on tentera de rendre responsables les organisateurs de la soirée. Chez ceux qui font du ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, leur cible favorite, c’est l’intervention de la police qui a entraîné la mort du jeune homme.
On sent bien que toute parole, toute orientation de l’enquête peuvent ainsi contribuer à jeter de l’huile sur le feu plutôt qu’à rendre sereine la recherche de la vérité. Dans la droite ligne de l’hystérisation que l’on connaît depuis quelques mois.
On se passera, en l’occurrence, de la réaction de la Coordination nationale des Sound systems (!), qui n’hésite pas à affirmer que « l’Etat français se permet de tuer, comme il le fait avec toutes celles et ceux qui ne rentrent pas dans le rang ». Idiot. Révélateur pourtant de ces vérités que chacun pense détenir et assène à coups d’affirmations gratuites.