IMPATIENCES PARTAGEES – L’édito de Patrice Chabanet
Le nouveau Premier ministre britannique, Boris Johnson, veut passer la vitesse supérieure dans la mise en place du Brexit. Avec ou sans accord, ce sera avant le 30 octobre, comme si le Royaume-Uni décidait et décrétait tout là où Theresa May s’était plantée. D’une certaine manière, l’ancien maire de Londres reste dans le discours. Sa volonté d’avancer au pas de charge correspond à toutes les promesses qu’il a faites pendant des mois. Aujourd’hui, changement de programme. Il ne s’agit plus de convaincre ses partisans, mais les partenaires du Royaume-Uni. Certains, dont la France, n’ont certainement pas l’intention de rendre la tâche facile à Boris Johnson. Vulgairement dit, ils l’attendent au tournant. La réalité risque de rattraper très vite le nouveau locataire du 10 Downing Street. La très sérieuse mise en garde du patron de PSA, Carlos Tavares, donne un avant-goût de ce qui l’attend : son groupe fermera l’usine d’Ellesmere Port au Nord-ouest de l’Angleterre si le Brexit se réalise sans accord avec l’Union européenne. Le no deal provoquerait en effet la taxation des composants importés et, donc, le renchérissement des véhicules produits. Il faut rappeler à cette occasion qu’il n’existe plus de produits élaborés qui soient « nationaux » à 100%.
A sa façon, Boris Johnson s’inspire des méthodes de son mentor, Donald Trump. Il pense pouvoir compter sur le soutien du grand allié américain pour compenser son divorce d’avec l’Europe. Le président américain a d’ailleurs tout à gagner d’un début de démembrement de l’Union européenne. Il a toujours privilégié le bilatéralisme qui lui permet une position de force avec tel ou tel Etat, forcément plus faible que l’Europe, première puissance commerciale du monde. Boris Johnson fait mine de ne pas le voir. Il apprendra très vite que, malgré une communauté culturelle, l’Amérique de Trump ne négociera jamais avec le Royaume-Uni d’égal à égal.