Asseoir son autorité – L’édito de Christophe Bonnefoy
Boris Johnson serait-il un peu le Donald Trump d’outre-Manche ? Physiquement, tous les deux possèdent un style qu’on pourrait qualifier… d’original. Mais surtout, comme le Président américain, le nouveau Premier ministre – coups de bluff ou propos sincères ? – n’y va pas par quatre chemins, lorsqu’il a quelque chose à dire.
Ainsi, première décision semble-t-il définitive juste après sa nomination : son pays devra être sorti de l’UE au 31 octobre. Deuxième priorité, apparemment, tirer à boulets rouges sur Theresa May. Une façon de s’affirmer dans son nouveau rôle, entre volontarisme et intransigeance, voire outrance. Puisqu’on vous dit que Boris Johnson s’inspire, peut-être, du milliardaire américain…
Toujours est-il que, dans un premier temps, ce n’est pas – encore – contre le reste du monde, ou plutôt de l’Europe, que le conservateur part en guerre. Certes, le Brexit est son cheval de bataille. Mais auparavant, c’est surtout sur le plan intérieur qu’il cherche à asseoir son autorité. Ce que n’a pas su faire Theresa May.
Il a ainsi annoncé hier de nouveaux investissements dans les régions qui ont voté en faveur de la sortie de l’UE. Tout comme il a promis de donner plus de pouvoirs aux communautés locales. En gros : offrir plus d’autonomie aux villages, villes et comtés du pays. Il a tout compris. Impossible, en effet, d’espérer sortir de l’Europe dans les conditions idéales si on ne s’est pas assuré auparavant l’adhésion, et pas seulement à court terme, et de sa population, et de ses alliés politiques possiblement très vite ennemis si les choses tournaient mal. Pour l’instant, Boris Johnson bénéficie d’une sorte d’état de grâce. Mais il pourrait être extrêmement court.