La fournaise – L’édito de Christophe Bonnefoy
Une fournaise. La sensation d’étouffer. Presque plus que l’affaire de Rugy, l’arrivée de Boris Johnson au 10, Downing Street ou la mini-fronde des “marcheurs” lorsqu’il a fallu donner le feu vert au Ceta, c’est bien sûr… la canicule qui alimente les conversations, en même temps que le mal-être. On en est d’ailleurs à attendre, heure par heure, quelle ville viendra battre les records de température. Sorte de distinction dont se seraient bien passés les lieux concernés.
Il fait chaud ? Et alors, ce n’est pas la première fois ! Détrompez-vous. Si la planète a déjà vécu des périodes de canicule, les records, justement, prouvent que nous avons sans doute basculé dans une nouvelle ère qui n’augure rien de bon. Ne noircissons pas outre mesure le tableau, on connaîtra à nouveau des hivers froids, des étés plus doux et des printemps agréables. Mais il faudrait être naïf pour nier qu’il fera, indéniablement, de plus en plus chaud dans les décennies qui viennent.
Science-fiction, nous voilà. Pas si fiction que cela, finalement… On se prend dès aujourd’hui à esquisser l’avenir. Pas forcément le nôtre. Mais celui de nos enfants. Si le monde entier – ou presque – est d’accord sur la nécessité de limiter la hausse vertigineuse des températures, peu de pays ont pourtant enclenché le processus salvateur. A part, peut-être, en brassant du vent. Inutile, donc. De manière plus pragmatique, on voit déjà nos bambins devenus adultes plonger dans le télé-travail pour éviter les dangers de la chaleur. Et pourquoi pas la réalité virtuelle voler au secours des ouvriers de chantier. Délire post-exposition excessive à l’étoile solaire ? Pas forcément. Qui aurait par exemple osé imaginer il y a quelques décennies que la Haute-Marne, pour ne citer qu’elle, flirterait avec les 40 degrés ? Pas grand-monde, sûrement, au risque de se faire traiter d’illuminé.