Minable – L’édito de Christophe Bonnefoy
On peut penser ce qu’on veut de la venue de Greta Thunberg à l’Assemblée. Et émettre des réserves sur l’intervention en son sein d’une enfant de 16 ans. Des députés LR ne s’en sont pas cachés : ils boycotteront le débat auquel la militante écologiste doit participer. Et fidèles au dogme de la petite phrase, qualifient la jeune Suédoise de « gourou apocalyptique » ou de « prophétesse en culottes courtes ». Libre à eux. Mais on ne les a pas encore entendus proposer de solutions efficaces à la destruction de plus en plus rapide de notre planète. Une sortie très politique de plus.
Certes, faire d’une gamine un symbole sur un sujet aussi essentiel a de quoi interroger. Qu’on s’en remette à la bonne parole d’une si jeune fille montre à quel point on semble incapable, aujourd’hui, de prendre à bras-le-corps les problématiques environnementales. Voilà qui souligne, encore, tous les échecs passés, présents et sans doute à venir.
Une chose est en revanche intolérable. Minable même. Certains – sur les réseaux sociaux, mais pas que – ont vite utilisé la différence de Greta Thunberg pour tenter de la discréditer. Notamment son autisme Asperger. Pour résumer : la jeune fille est d’une intelligence extrême. Mais a beaucoup plus de mal à s’inscrire dans les relations sociales qui nous paraissent, à nous, normales.
Facile, alors, d’en prendre prétexte de manière tout aussi gratuite que cruelle. Ceux qui pensent en permanence posséder la science infuse n’auront en tout état de cause pas pris la peine d’étudier le sujet. Ou mal. Mais ils peuvent néanmoins être sûrs d’une chose : un enfant Asperger glisse le plus souvent, intellectuellement, très vite dans l’âge adulte et ses raisonnements pleins de (bon) sens. Plus rapidement que les autres enfants en tout cas. Un âge adulte que pas mal de détracteurs pensent avoir atteint. Ils en sont visiblement très loin. Certains nous l’ont encore prouvé ces dernières heures. CQFD.