Simplement humains – L’édito de Christophe Bonnefoy
Le Tour transporte les foules. Dans les deux sens du terme, d’ailleurs : il génère autant d’engouement qu’il peut déclencher de suspicion. Et cela, depuis des années. Comment en effet croire ces champions capables d’exploits qu’on ne pourra jamais réaliser, même au centième, si motivé soit-on ? On vous répondra à juste titre que c’est leur métier. Qu’ils vouent leur vie entière à leur passion. Qu’ils ont derrière eux des armadas de médecins, de psys, de préparateurs de toute sorte. Qu’ils sont programmés pour souffrir. Qu’ils sont “optimisés”, presque. Et le terme laisse le champ libre à toutes les interprétations…
Reste que le cyclisme de haut niveau est l’un des sports les plus durs qui soient. Il suffit, pour s’en convaincre et aussitôt mettre pour un temps de côté les soupçons, de revoir les images de l’étape d’hier, qui menait les coureurs sur les hauteurs de Foix. Des pentes à 16 %. Des vitesses inférieures, parfois, à 10 km/h. Autrement dit, des difficultés qui arrivent à déstabiliser les sportifs les mieux armés physiquement et psychologiquement. Qui mettent à mal les stratégies les plus pointues. Autrement dit, qui ramènent d’apparentes machines au simple rang d’humains. Ce qu’ils sont tout simplement, en définitive.
C’est cela, qui fait – encore – la magie de la discipline. Elle n’est pas une science exacte. Loin de là.
Cette petite part de hasard donne au Tour ce côté magique. La défaillance peut arriver à tout moment. De quoi alimenter en permanence la machine à suspense.
Si, en plus, nos petits Français Alaphilippe, Barguil ou Pinot, second hier encore après avoir remporté le Tourmalet samedi devant le maillot jaune, continuent à nous (re)faire rêver…