La guerre invisible
Notre pays a longtemps été réputé pour être en retard d’une guerre. L’effondrement de l’armée française, en 1940, a confirmé cette réputation. Depuis, la doctrine a changé. L’outil militaire doit être adapté aux réalités d’aujourd’hui, et non pas à celles du conflit précédent. C’est ainsi qu’il faut comprendre l’annonce faite hier par Emmanuel Macron : la création d’un commandement militaire de l’espace. L’objectif est de mieux protéger nos satellites, y compris « de manière active ». Pour être clair : pouvoir détruire les satellites trop curieux.
Les guerres de demain seront de moins en moins visibles. Elles se passeront au-dessus de nos têtes, dans l’espace extra-atmosphérique. C’est par là que transitent, par exemple, les transmissions entre un commandement et des unités opérationnelles loin de leur base. Les tentatives d’espionnage à l’encontre des satellites militaires peuvent donc être largement préjudiciables. C’est déjà arrivé pour un engin français approché par un objet spatial qui n’annonçait pas la couleur, on s’en doute, mais qui pourrait être russe. Ces informations sont livrées au compte-gouttes. L’agressé ne tient pas forcément à faire connaître son infortune. Et l’agresseur, par définition, n’affiche pas ses intentions.
La cyberguerre ne concerne pas seulement ce qui se passe dans l’espace. Elle affecte aussi les transmissions terrestres, avec des systèmes de brouillage de plus en plus efficaces, qui affectent d’ailleurs des applications civiles. C’est le cas des GPS qui peuvent être leurrés et donner de fausses indications à leurs utilisateurs…Bref, ces évolutions de l’art militaire démontrent la nécessité de changer de braquet. La création d’un commandement militaire de l’espace constitue une première réponse. Elle exprime une volonté et un engagement. Reste à en connaître les modalités d’application. On peut supposer en effet que ces nouvelles guerres appelleront des matériels de plus en plus perfectionnés et des personnels très spécialisés.