Il y aura des larmes – L’édito de Christophe Bonnefoy
S’il y a bien une chose qui ne change pas au fil des années – des décennies devrait-on dire – ce sont les réactions des lycéens devant les résultats du bac. Explosions de joie et larmes de bonheur. Cris de déception et larmes de détresse. Ou, pour ceux qui se dirigent tout droit vers le rattrapage à l’oral, sentiments mêlés. Entre amertume de ne pouvoir fêter dès ce soir tant d’efforts enfin récompensés et soulagement d’avoir encore une chance de décrocher le diplôme.
Chez les profs, c’est par définition un peu différent. Mais si on veut résumer à l’extrême, pour eux également, les faits n’évoluent guère. Le malaise, en l’occurrence, est tout aussi présent à chaque rentrée, comme à chaque veille de vacances. Les raisons de la colère diffèrent parfois, mais ce sont toujours, au final, les moyens qui les mettent en rogne. Ceux, financiers ou philosophiques presque, qui les empêcheraient de pouvoir exercer leur métier efficacement. De transmettre au mieux le savoir, pour préparer l’avenir des élèves. En cette année 2019, la réforme du bac les fâche tout rouge. Ironie, ils dénoncent ce futur nouveau baccalauréat articulé autour du contrôle continu… mais c’est justement ce contrôle continu qui pourrait venir dès cette année au secours des candidats dont les copies auraient été “détournées” par les examinateurs.
Et les élèves dans tout ça ? Une seule chose compte : qu’ils puissent ne pas être pris dans l’étau de la contestation. Ils n’en sont pas responsables, ils ne doivent pas non plus en devenir les victimes. Peu importe le flacon donc, pourvu qu’ils aient l’ivresse. On souhaite aux élèves – pour une fois – de pleurer. Mais de joie.