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Coup dur – L’édito de Patrice Chabanet

 

En politique, rien n’est acquis. Cette fois-ci, la preuve nous vient d’Autriche. Le numéro deux du gouvernement, Heinz-Christian Strache, par ailleurs patron du parti d’extrême droite FPŐ, a été contraint à la démission. Il a été rattrapé par une vidéo tournée en caméra cachée il y a deux ans, à Ibiza. Il propose à une femme qui se présente comme une Russe fortunée d’échanger le soutien financier de cette dernière contre l’accès à des marchés publics autrichiens. En pleine campagne des européennes, cette affaire fait désordre. Le chancelier Sebastian Kurz a pris le taureau par les cornes, en annonçant dès hier la fin de la coalition de son parti ŐVP, droite classique avec l’extrême droite. Cette cassure est un coup dur pour la vague nationaliste que l’on sent monter en Europe. Elle préfigure peut-être ce qui pourrait se passer en Italie. Le Mouvement 5 étoiles de Beppe Grillo affiche de plus en plus sa différence avec la Ligue de Salvini. Elle devrait apparaître plus nettement après le scrutin de dimanche prochain.

L’affaire autrichienne confirme un autre phénomène, plus inquiétant celui-là. C’est la tentation permanente de la Russie d’influencer la vie politique des démocraties. On l’a vu aux Etats-Unis. On le voit maintenant en Autriche. Une vieille tradition, serait-on tenté de dire. En d’autres temps, c’est-à-dire avant la chute du Mur, le pouvoir soviétique passait par le relais des partis communistes locaux. Aujourd’hui, la politique incarnée par Poutine se traduit par un soutien marqué aux partis d’extrême droite du Vieux continent. Ce faisant, d’ailleurs, il fait apparaître de solides divergences entre nationalistes. Ceux des Etats baltes, par exemple, craignent comme la peste leurs homologues russes qui rêvent d’annexer à nouveau leurs pays. Le scandale autrichien ne devrait pas bouleverser la donne des élections européennes. Il arrive trop tard. On le voit en France, ce scrutin est dominé par les questions de politique intérieure. Mais l’ombre de la Russie risque de raviver de sérieuses polémiques.

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