Marche arrière – L’édito de Christophe Bonnefoy
Certaines hausses passent mieux que d’autres. On ne parle pas ici, évidemment, de l’augmentation du prix des carburants, qui ravirait presque les concepteurs de trottinettes. Ni de la flambée des tarifs de l’électricité, qui relancera à n’en point douter les ventes de bougies dans les mois qui viennent. Mais de la vitesse sur nos routes.
C’était dans les tuyaux, voilà que ça se confirme. Vous étiez fâché avec les 80 km/h ? Revoici les 90.
Non, Edouard Philippe n’a pas changé d’avis. Mais face à la pression, il refile le bébé – pardon, il laisse les mains libres – aux Départements. Il offre la possibilité de changer à nouveau les règles, à ceux qui ne manqueront pas de se voir ensuite reprocher une éventuelle recrudescence de la mortalité sur nos routes. Une reculade sans en avoir l’air. Une façon, aussi et c’est très politique, de dire qu’on aurait eu raison avant tout le monde. Indirectement, enfin, une manière d’affirmer que la politique actuelle du gouvernement portera ses fruits, même si une partie de la rue pense a priori qu’il est dans le faux.
Ceci dit, sur les 80 km/h précisément, Edouard Philippe fait ce qui aurait dû être fait dès le départ : laisser à ceux qui connaissent parfaitement leur réseau routier le choix des axes qui nécessitaient une réduction de la vitesse. Voilà qui aurait évité le vent de colère qui souffle depuis des mois.
Dans la plupart des départements, la carte des futures limitations est prête. Elle devrait entrer en vigueur très vite. Mais ça n’exonèrera pas les automobilistes de jouer la prudence. Cet assouplissement, on peut aussi l’appeler comme cela, n’autorisera bien évidemment pas à se sentir – à nouveau ? – tout-puissant sur le bitume.