Hystérisation – L’édito de Patrice Chabanet
Le poste de ministre de l’Intérieur est sans doute le plus ingrat qui soit, surtout dans une période comme la nôtre. Régulièrement accusé de mollesse par les uns, de dureté par les autres, le locataire de Beauvau n’a pas droit à l’erreur quand il s’exprime ou qu’il commente. A cette aune-là, Christophe Castaner coche de nombreuses cases pour devenir la cible presque facile pour tous ceux qui, derrière lui, veulent s’en prendre à Emmanuel Macron. L’affaire de la Pitié-Salpêtrière en fournit l’exemple le plus récent. Le ministre de l’Intérieur a parlé d’ « attaque » de l’hôpital. Le mot de trop qu’il regrette aujourd’hui. Il lui préfère maintenant l’expression « intrusion violente ». Trop tard, le mal est fait. Les oppositions lui sont tombées dessus et son mea culpa n’a rien arrangé, en fin de compte. Il ne doit maintenant sa survie au gouvernement qu’au soutien que lui accorde le chef de l’Etat. On n’évince pas comme un malpropre le grognard de la Macronie.
Christophe Castaner est surtout victime de lui-même et, sans doute, d’une mauvaise appréciation du climat d’hystérisation qui enveloppe notre pays. L’anathème, l’imprécation et l’outrance sont devenus le mode de communication d’aujourd’hui. Le ministre de l’Intérieur est tombé lui-même dans le piège. Il n’a pas pris le temps de s’informer de la réalité des faits, ce qui est étrange dans le domaine qui est le sien. Pire pour lui : la polémique qu’il a créée a quasiment occulté le fait que samedi dernier a été plutôt calme, et cela en dépit de pronostics apocalyptiques. Comme elle a fait oublier que la violence est très majoritairement à mettre au compte des black blocs et autres ultras. Il est vrai que l’information en temps réel et l’influence des réseaux sociaux imbibés de fake news incitent les politiques à réagir à chaud. La crainte d’avoir du retard à l’allumage. Mais vaut mieux prendre ce risque que celui de l’auto-allumage, incontrôlable celui-là.