Ibizarre… L’édito de Christophe Bonnefoy
Bien sûr, il n’y a pas mort d’homme, comme on dit. Evidemment, ici, là ou ailleurs, Jean-Michel Blanquer aurait été ciblé exactement de la même manière par le corps enseignant, pour les choix qui sont les siens, particulièrement depuis le début de l’année.
Mais Ibiza, tout de même… Ou comment tendre le bâton pour se faire battre. Il est ainsi extrêmement bizarre que ni le ministre, ni son entourage n’aient eu la présence d’esprit de trouver ce lieu de villégiature pour le moins incongru. Ah si, et c’est peut-être encore plus affolant, le directeur de cabinet du Premier ministre lui aurait ainsi fortement déconseillé de se rendre aux Baléares, précisément à ce moment-là. En plein été, en période dite normale, ces vacances seraient passées comme une lettre à La Poste. D’autant moins dénoncées d’ailleurs, que personne n’en aurait sans doute eu vent. Ici, les révélations de Mediapart sonnent quasiment comme une provocation, de la part de celui qui accumule depuis des semaines ce qu’on pourrait appeler pudiquement des maladresses.
L’annonce du tout nouveau protocole dans les écoles, par voie de presse, la veille de la rentrée, était déjà restée en travers de la gorge des principaux concernés. Et des professionnels de l’éducation, et des parents. Le symbole de ce séjour, les pieds en éventail dans le sable fin termine de remplir un vase déjà bien rempli.
Le ministre de l’Education ne s’y est pas trompé. Ou en tout cas ses conseillers, dont on aurait aimé qu’ils soient plus persuasifs, plus tôt. Jean-Michel Blanquer, sans s’excuser toutefois, a « regretté la symbolique » du lieu choisi. « J’aurais dû en choisir un autre ». Ou peut-être, alors que la pandémie est particulièrement déstabilisante au sein des établissements scolaires, ne pas quitter son ministère en ce moment singulier ?