Technique éprouvée – L’édito de Patrice Chabanet
Les attentats au Sri Lanka ne sont pas les premiers crimes de masse de ce XXIe siècle. Ils ne seront pas les derniers. Ils n’ont pas été officiellement revendiqués, mais les autorités du pays pointent un mouvement islamiste local. Le mode opératoire et les cibles – églises et hôtels internationaux – s’inscrivent bien dans la logique d’un terrorisme qui sait s’adapter. Il choisit ses objectifs là où les services de renseignement ou de contre-terrorisme sont moins performants, faute de moyens. Ainsi les autorités sri lankaises avaient été mises au courant il y a une dizaine de jours, mais visiblement elles n’ont pas su exploiter le renseignement. Or l’opération n’a pas été menée par un loup solitaire mais par plusieurs commandos qui ont pu allégrement passer à travers les mailles trop lâches du filet..
L’objectif des terroristes a été atteint : provoquer la panique chez les touristes, ce qui pénalise l’une des principales activités économiques du Sri Lanka, et cibler les chrétiens, une petite minorité dans le pays, mais le jour de Pâques, l’impact international était assuré. Sans doute aussi une manière de venger les fidèles musulmans massacrés dans une mosquée, en Nouvelle-Zélande. Ces attentats spectaculaires ne doivent pas nous faire oublier les actions « ordinaires » de l’islamisme radical, les enlèvements et les tueries dont se rend régulièrement responsable Boko Haram au Nigeria, les attaques contre les chrétiens coptes en Egypte etc.
Le XXe siècle avait été marqué par l’affrontement des idéologies, avec les funestes conséquences que l’on sait. Le XXIe siècle voit s’affirmer des contentieux religieux manipulés par des minorités agissantes. L’islamisme radical n’est pas le seul à jouer avec ces allumettes. Très loin de nous, mais dans un très grand pays, l’hindouisme se radicalise. En Birmanie, ce sont des bouddhistes extrémistes qui ont massacré des Rohingyas, membres de la minorité musulmane. Plus près de nous, cette fois-ci en Irlande, on craint que le Brexit rouvre les plaies entre protestants et catholiques. Tout cela, bien sûr, au nom de Dieu..