Poulets sans tête – L’édito de Christophe Bonnefoy
Benny Hill en aurait fait un sketch aussi absurde que drôle. Mister Bean est sans doute déjà sur l’affaire. Les Monty Python, c’est sûr, se seraient laissé tenter par un remake de “La vie de Brian” : “La vie tourmentée de Theresa ?” Le Brexit – ou le non Brexit, qui sait… -, s’il n’avait d’éventuelles conséquences qui n’ont absolument rien de comique, est l’exemple parfait de ce qu’il ne faut absolument pas faire si on veut réconcilier les Européens… avec l’Europe, justement. On n’ose dire “leur” Europe. Bien malin celui qui sera capable de faire un résumé clair, compréhensible par tous, de ce qu’on appelle aujourd’hui le Brexit, du référendum de juin 2016 aux derniers développements. Et il faut quasiment se mettre dans la peau de Madame Irma pour avancer une date éventuelle de sortie du Royaume-Uni de l’UE.
Après le 29 mars, puis le 12 avril, voilà maintenant la date, forcément fatidique, du 31 octobre. Puis Noël ? Puis le Nouvel an ? Puis Carnaval 2020 ? Les reports se succèdent, les positions semblent de moins en moins claires. De quoi rendre encore un peu plus floue une situation déjà inextricable en apparence. Ironie de la situation, Londres pourrait se voir dans l’obligation d’organiser des élections européennes, donc d’envoyer à Bruxelles des représentants. Fantômes ?
Finalement, l’humour britannique a du bon. Au moins pour comprendre en une simple phrase dans quelle mélasse sont empêtrés les sujets de Sa majesté – et avec eux le reste de l’Europe. « Les politiques [britanniques] sont comme des poulets sans tête ». C’est un ancien ouvrier pro-Brexit qui le dit. Et lui, semble avoir toute sa tête, pour le coup. Et une bonne dose de réalisme.