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Le combat continue… L’édito de Patrice CHABANET

 

En Algérie, la rivière de la contestation ne veut pas rentrer dans son lit. L’annonce de la démission de Bouteflika n’a rien changé. Hier, le rituel des manifs du vendredi a été massivement suivi comme les précédents. Le message est clair : la rue exige le départ de tout le clan Bouteflika, et pas seulement celui du chef de l’Etat. Elle craint en effet que la période d’intérim précédant l’élection présidentielle soit utilisée par les partisans de l’ordre ancien pour torpiller l’élan démocratique. Une crainte justifiée, au demeurant.

La faiblesse du mouvement, c’est peut-être son ampleur. Créé spontanément avec le succès que l’on sait, il n’est pas organisé par définition. Il ne laisse pas apparaître de figures de proue susceptibles de structurer un programme d’alternance. Jusque-là, le régime avait tout fait pour annihiler une véritable opposition. Le résultat est là : il n’est pas facile, quand la situation bascule, de créer de toutes pièces un parti, un syndicat ou une association. Cela dit, la roue de l’Histoire avancera et des structures nouvelles apparaîtront. Mais là encore de nouveaux défis devront être relevés. L’homogénéité de la contestation s’est faite autour du rejet massif du clan Bouteflika, discrédité par l’usure et la corruption. On est en train d’assister à sa destruction. La phase de reconstruction, elle, risque d’être moins homogène. Les millions de personnes qui défilent ne portent pas les mêmes convictions ou les mêmes idéaux. Les questions du rôle de la femme dans la société ou de la laïcité, entre autres, divisent profondément la société algérienne. On a vu en Tunisie que la chute de Ben Ali avait libéré aussi bien des courants démocratiques que des velléités islamistes.

Il n’en demeure pas moins vrai que chaque mouvement historique conserve sa singularité. En Algérie, il n’est pas structuré, mais les énormes manifs se déroulent en bon ordre, sans violence, ni casse. En se maintenant de vendredi en vendredi, elles prennent valeur d’avertissement : pas question d’accepter une simili démocratie.

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