Affaires multiples – L’édito de Christophe Bonnefoy
L’affaire Ghosn n’est pas que judiciaire, même si l’ex-patron de Renault risque en l’occurrence très gros. Elle est aussi, plus ou moins indirectement, au cœur d’une guerre économique nourrie d’intérêts collectifs, tout autant qu’individuels. Elle est également symptomatique de la fragilité d’empires – ou en tout cas de ceux qui en sont à la tête – qui peuvent du jour au lendemain subir de plein fouet les écarts supposés de quelques-uns. Des écarts, soit dit en passant, qu’on s’interdit sans doute de voir lorsque tout va bien. Mais qui deviennent aussi visibles que le nez au milieu de la figure – et donc promptement dénonçables – dès lors qu’ils peuvent servir. A qui ? A quoi ? La justice nipponne devra lever une partie du voile. Pour l’instant en tout cas, elle se concentre uniquement sur l’ancien patron du consortium Renault/Nissan et les malversations dont elle le soupçonne.
Et pour le coup, vu de France, le scénario proposé a tout d’une célèbre série des années 80. En son temps, au ranch de Southfork, à Dallas – qui s’en souvient ? -, tous les coups étaient permis. Les déboires de Carlos Ghosn pourraient servir de support à une mauvaise série. La gloire. Puis la chute. Le suspense. Puis l’évidence… démentie dès le lendemain. Les vérités – ses vérités – qu’un homme promet de dévoiler face caméra. Pas le temps. Le rebondissement : une nouvelle arrestation, un nouveau séjour en prison. Risible ? Hallucinant, surtout.
De surcroît, les sommes en jeu dépassent l’entendement, tout autant que les pratiques qui vont avec. Bien loin, évidemment, des préoccupations de tous ceux, dans l’Hexagone, qui regardent ça, au mieux avec un léger sourire, au pire à travers le prisme du dégoût.