Enième rediffusion – L’édito de Christophe Bonnefoy
Les temps changent, les mêmes sujets reviennent pourtant inlassablement. Mais pour une fois, les seconds méritent d’être sérieusement évoqués, au regard de l’évolution des premiers. En toute logique, réfléchir à la suppression de la redevance télé répond notamment à de nouvelles façons de consommer et pas seulement à un mécontentement plus ou moins argumenté.
A d’autres époques, les Français s’agaçaient du montant – trop élevé forcément – à payer. « Trop cher pour la piètre qualité des programmes ». Le raisonnement est toujours d’actualité, mais s’y ajoutent désormais des interrogations dont le pouvoir politique s’empare à son tour. En tout cas, au moins le ministre des Comptes publics, dont on ne peut imaginer un seul instant que l’initiative n’ait pas été au préalable évoquée avec Emmanuel Macron ou Edouard Philippe.
L’ancienne ministre de la Culture, Françoise Nyssen, plaidait en septembre 2018 pour une extension à tous les foyers. Recalée. Gérald Darmanin, lui, prône exactement l’inverse : sa disparition pure et simple. Disparition ? Vraiment ? Cette taxe, couplée à une taxe d’habitation qui vit ses derniers instants, serait trop chère à percevoir seule. Certes. En outre, la télé du XXIe siècle n’est plus celle de nos parents ou grands-parents : elle se regarde tout autant sur un téléphone que sur une tablette ou un ordinateur. Pas seulement sur nos bons vieux petits écrans. Le financement de l’audiovisuel public ne peut plus être pensé comme il l’était il y a quelques décennies.
Reste néanmoins, dans cette affaire, une inconnue. La redevance télé telle qu’on la connaît rapporte 3,2 milliards d’euros par an. Comment récupérer, ailleurs, cette perte sèche ? On n’ose penser à un nouvel impôt plus ou moins déguisé…