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Au pied du mur – L’édito de Patrice Chabanet

 

Le gouvernement et, plus particulièrement, le ministre de l’Intérieur n’ont plus le droit à l’erreur. En clair, l’acte XIX des Gilets jaunes ne doit pas être la répétition du précédent. Deux hypothèses majeures s’affrontent. La première voudrait que le durcissement annoncé du maintien de l’ordre agisse comme une arme de dissuasion auprès de tous ceux qui n’ont pas vraiment envie de se faire matraquer, de payer une amende pour attroupement interdit ou de se retrouver en garde à vue. La deuxième, au contraire, penche pour un regain de violence du fait de casseurs déterminés à défier une nouvelle fois policiers et gendarmes et à jouer les héros dans des contacts dont on sait déjà qu’ils seront musclés. A priori – mais dans cette crise inédite tout est possible – il devrait y avoir moins de dévastations que samedi dernier, car la consigne est de tuer dans l’œuf toute tentative de pillage ou de destruction. Visiblement, l’exécutif compte sur la mobilité des effectifs déployés. Demeurent deux inconnues : l’importance des rassemblements, souvent non déclarés, et le nombre de casseurs qui s’y infiltreront, d’un côté, et la réaction des militaires de l’opération Sentinelle s’ils sont délibérément attaqués, de l’autre. Par définition, les soldats sont clairement identifiables. Ceux qui seront tentés de s’en prendre à eux savent ce qu’ils risquent.

Quoi qu’il en soit, le gouvernement joue gros dans cette journée. Soit on assiste à de nouvelles scènes d’émeute, même moins nombreuses que l’autre samedi, et il perd tout crédit dans sa capacité à maintenir l’ordre. Soit la situation reste calme, mais il n’en tirera pas forcément un avantage décisif. Trop tard. Le mouvement des Gilets jaunes doit lui aussi relever un défi majeur. Dans une logique perdant-perdant, les débordements qui naissent dans les flancs des manifestations ternissent leur image, comme celle du gouvernement, dans l’opinion publique. Cette dernière est désormais majoritairement hostile à ce rituel du samedi après-midi. La violence n’a pas fait que des dégâts matériels. Elle a étouffé une cause restée longtemps populaire chez les Français.

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