Le rôle d’une vie – L’édito de Christophe Bonnefoy
Bernard Tapie n’a jamais laissé de glace. Le personnage qu’il s’est forgé, surtout.
A chaque fois que les caméras ont mis le focus sur “Nanard”, ça a senti le souffre. Chef d’entreprise(s), chanteur, animateur, ministre, président de club de football, acteur ( !) ou devant un tribunal – certains costumes endossés jadis sont d’ailleurs liés avec celui, plus actuel, de prévenu – le showman a fait le spectacle.
La situation est aujourd’hui quelque peu différente. Bernard Tapie ne peut pas tricher avec la maladie. La vie, tout simplement. Si bien que, comme il l’évoque, toujours devant les caméras, ce fameux procès de l’arbitrage du Crédit Lyonnais – appelons-le comme cela – est sans doute l’un de ses derniers combats. L’ultime, même, à l’entendre.
L’homme, pour le coup, effacera-t-il le personnage, l’acteur ? Ça n’en prend pas le chemin. Même physiquement affaibli, Tapie a conservé la niaque, comme on dit dans le milieu sportif. Alerte, offensif et directif. Il joue. Surjoue même, devant le tribunal.
Il y aura jugement dans l’affaire qui est discutée à Paris. Et recours, on peut le penser. Tant et si bien qu’une condamnation ou une relaxe pourrait au final n’intervenir que dans de nombreuses années.
Mais là ne semble pas être l’essentiel pour l’ex-homme d’affaires. Ce procès ressemble en fait à un baroud d’honneur. Cet honneur qu’il dit vouloir laver. Plus probablement, le plus important pour lui est de montrer – encore et toujours – qu’il sait occuper le terrain. Qu’il est toujours alerte. Le rôle de sa vie. Et il n’y a pas plus mordant qu’un fauve blessé. Bernard Tapie, d’une certaine manière, souhaite quitter la scène sur un coup d’éclat. De ceux qui auront marqué son parcours.