Des actes – L’édito de Christophe Bonnefoy
Il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour, paraît-il. Tout comme proclamer qu’on s’ouvre à la société moderne ne suffit pas. Seuls les actes feront foi. Engluée dans les affaires de pédophilie, l’Eglise en est là. Elle doit agir plutôt que déclarer ses bonnes intentions.
Depuis quelques mois, elle multiplie ces décisions qui peuvent laisser penser qu’elle est entrée dans une ère de sérieuse remise en question. Et pour cause, certains de ses représentants ont allègrement franchi la ligne blanche. Leurs victimes ont subi leurs penchants malsains. Jusqu’à voir leur vie en partie détruite. En tout cas à jamais bouleversées. Irréversible. Par obligation donc, le Vatican ne peut plus fermer les yeux. Non seulement il ne doit plus faire semblant de n’avoir rien vu, mais il doit faire en sorte que les brebis galeuses soient définitivement écartées.
L’ouverture, annoncée hier, des archives du Vatican sur le pontificat de Pie XII, participe de cette remise à plat. Officiellement, le pape François espère montrer que le rôle de l’Eglise pendant la Seconde Guerre mondiale ne fut pas tout à fait celui qu’on lui reproche. Ou pour le moins que la passivité du pape de l’époque à dénoncer les crimes nazis ne releva pas d’une volonté délibérée mais fut le fruit d’une certaine « prudence humaine et chrétienne », selon les termes de François. Plus probablement, le pape argentin prépare sans doute déjà une forme de mea culpa. Il souhaite crever l’abcès et poser clairement sur la table les vérités qui en découleront. Et quelque part, évidemment, implorer un pardon.
D’une certaine manière, c’est la crédibilité de l’Eglise qui est en jeu.