Far West moderne – L’édito de Christophe Bonnefoy
On dirait du Lucky Luke… mais ça n’est pas du Lucky Luke… Les deux acteurs principaux ont pourtant quasiment le physique des anti-héros de Morris. D’un côté, un dictateur nord-coréen qui, s’il n’était si impitoyable en son royaume, aurait le physique parfait du personnage de BD. Une certaine bonhomie presque. De l’autre, un président américain à la mèche parfois rebelle et ô combien reconnaissable. Lorsque ces deux-là se rencontrent, les sujets sont aussi explosifs que la probabilité qu’ils fassent “ami-ami” est nulle. Et pourtant… Les deux ennemis jurés passeront bien quelques heures ensemble, dès demain, pour évoquer, entre autres, l’épineuse question du nucléaire. De la dénucléarisation de la Corée du Nord, plus précisément.
Kim était déjà en route depuis samedi pour un interminable voyage. Donald est à un saut de puce d’Hanoï, lieu des festivités. L’avion présidentiel, ça a du bon. Et c’est un peu plus rapide que la diligence, il faut bien l’avouer. Ou que le train – blindé – d’un autre âge emprunté par Jong Un.
N’était-ce l’instabilité mondiale dont Kim Jong Un et Donald Trump sont d’une certaine manière des symboles, cette “confrontation amicale” pourrait provoquer quelques sourires. Mais ne nous y trompons pas. Toute théâtrale qu’elle puisse être, cette rencontre n’est pas qu’un exercice de communication. Bien évidemment, la question des armes nord-coréennes sera largement discutée. Et probablement, les intérêts économiques s’inviteront de manière plus ou moins officielle. La Corée du Nord ne verrait pas d’un mauvais œil une sorte d’ouverture vers l’extérieur qui ne pourrait lui être que bénéfique. Les Etats-Unis, eux, ont un appétit énorme, et, encore, des marchés à grignoter… Et si ça pouvait se faire, dans la région, au détriment des Chinois…