Une journée au vert – L’édito de Christophe Bonnefoy
Pendant que les Gilets jaunes vivaient hier leur quinzième sortie hebdomadaire – et que les violences arrivaient en fin de manifestation comme une conclusion tout aussi habituelle qu’affligeante, Emmanuel Macron, lui, avait choisi la mise au vert. Choisi ? Pas d’ouverture du Salon de l’agriculture sans visite présidentielle. Ça ferait mauvais genre. Mise au vert ? Pas tout à fait. Une journée dans les allées de ce rendez-vous annuel n’a rien de reposant. Certes, chacun aborde la balade un peu différemment. Jacques Chirac n’aurait manqué sa rencontre avec les… bovins pour rien au monde. Il était dans son élément, dégustant ici un produit du terroir, caressant là un postérieur – de vache toujours – avec un plaisir non dissimulé. D’autres y voyaient un passage obligé pour avoir l’air de… pour faire comme si… D’ailleurs, pendant toute la durée du Salon, le monde politique viendra faire croire que la terre, ça le connaît. Certains ne tromperont personne.
Mise au vert, donc, pour le chef de l’Etat ? Pas complètement, évidemment. Mais on a bien senti, dans les allées de la grand-messe, qu’Emmanuel Macron n’est jamais aussi à l’aise que quand la campagne n’est pas uniquement rurale. Autrement dit, quand il déambule et échange un peu comme s’il l’était. En campagne. Il n’a bien sûr pas été épargné, mètre après mètre. Doléances, critiques, questions. Mais aussi, c’est un peu le paradoxe alors que sa politique est contestée, sollicitations diverses et variées, pour un selfie avec le petit dernier, une photo toutes dents dehors ou l’insigne honneur d’avoir pu toucher ou au moins approcher le Président. Peut-être au final pas une mise au vert dans le sens où on l’entend habituellement, mais une respiration. Même si, c’est logique, le chef de l’Etat est reparti hier soir avec des tonnes de réponses à apporter, en particulier à des agriculteurs qui, eux, ont parfois bien du mal à trouver de l’air.