Délicate opération – L’édito de Christophe Bonnefoy
La santé, ça n’a pas de prix. Et pourtant… C’est tout le paradoxe d’un système français qui s’articule sur le principe des soins à moindres frais, mais ne peut continuer à vivre de déficits abyssaux. Les premiers ne peuvent plus se nourrir des seconds. Qui plus est, le vieillissement de la population et l’allongement de la durée de vie, c’est mathématique, mettent chaque année les finances un peu plus à contribution.
Si on y ajoute le manque croissant de médecins, l’équation que doivent résoudre les gouvernements successifs tient de l’opération insoluble.
On le voit depuis des décennies. A chaque ministre son plan infaillible, qui finit par mécontenter à peu près tout le monde. Disparition des hôpitaux, dégradation de la qualité de l’accueil et des soins, mal-être croissant des personnels – demandez aux infirmières ce qu’elles en pensent -… voilà notamment les problématiques qui se posent à Agnès Buzyn, la ministre de la Santé. Et sans doute à d’autres après elle.
Car la loi santé présentée hier en Conseil des ministres risque bien de n’être qu’une brique de plus sur le mur déjà bancal d’une accumulation de plans. A l’image, d’ailleurs, des politiques sans cesse changeantes au sein de l’Education nationale.
Réforme du numerus clausus ou refonte de la carte hospitalière sont d’ores et déjà contestées. D’une part, leurs modalités sont encore très floues. D’autre part, les professionnels et les élus reprochent de n’avoir pas ou très peu été consultés. Et les patients, dans l’histoire ? L’augmentation du nombre de médecins ne sera pas effective avant plusieurs années. Tout comme la nouvelle carte, qui de toute façon ne gommera pas les imperfections actuelles d’un coup de baguette magique. A s’en rendre malade, encore…