Le moins pire – L’édito de Christophe Bonnefoy
La question du terrorisme oblige le gouvernement à devoir répondre en permanence à une équation complexe. Les fronts sont multiples.
Evidemment, la riposte a d’abord consisté, à partir de janvier 2015, à réagir plutôt qu’à agir en amont. Autrement dit à rechercher les responsables d’actes ignobles pour les mettre hors d’état de nuire. Trop tard du coup. Mais aussi à mettre en place – à accentuer plutôt – tout ce qui pouvait permettre d’identifier les potentiels terroristes avant qu’ils ne passent à l’acte. Par le renseignement, notamment.
Cette gestion ne se cantonne évidemment pas à opérer à l’intérieur de nos frontières. On l’a bien vu hier à l’Assemblée nationale. Le possible rapatriement de Français de Syrie soupçonnés d’être des jihadistes est loin de faire l’unanimité. Les arguments des uns et des autres se valent mais nous placent devant une situation qui semble inextricable.
Le retrait américain de la zone de guerre aura pourtant une conséquence directe : les prisonniers se réclamant de Daesh se retrouveront aussitôt libres comme l’air. Inacceptable. Mais les faire revenir dans notre pays peut s’apparenter – cela peut s’entendre – à mettre le ver dans le fruit. Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, n’imagine même pas qu’à leur arrivée sur notre sol, ces Français ne soient pas immédiatement arrêtés. On espère qu’il dit vrai.
Contre-argument à ceux qui s’offusquaient hier d’un tel rapatriement : il est certain qu’une fois ces jihadistes neutralisés, ils représenteront une source d’information non négligeable pour les services de renseignement.
Aucune solution n’est totalement satisfaisante. Mais on tient là, peut-être, la moins pire.