Etat de faillite – L’édito de Patrice Chabanet
Tout est relatif. La crise sociale que traverse notre pays est grave. Elle remet en cause le fonctionnement de nos institutions démocratiques. Mais comparée aux convulsions que connaît le Venezuela, elle pourrait passer pour une aimable turbulence. Là-bas, c’est la guerre civile qui guette. Hier, le président du Parlement, Juan Guaido, s’est autoproclamé « président en exercice » du pays. Une attaque frontale menée contre l’actuel chef de l’Etat, Nicolas Maduro. Cela fait des années que le Venezuela s’envase dans une incurie générale. Les marqueurs du déclassement accéléré sont là : une inflation de 10 000 000% par an, soit 25 000% par jour, le départ d’un million d’habitants à l’étranger, une pénurie qui affecte même la distribution d’essence alors que le Venezuela est une éponge à pétrole. C’est tout un modèle économique et politique qui fait faillite. La dégringolade a été amorcée par le prédécesseur de Maduro, Hugo Chavez qui, soit dit en passant, était porté aux nues par Jean-Luc Mélenchon. Certes, le programme de redistribution qu’il avait lancé était louable en soi, mais son application s’est avérée désastreuse, desservie par la corruption et l’explosion de la criminalité.
Aujourd’hui, le Venezuela est confronté à un face-à-face tragique entre deux légitimités, celle du Parlement et celle de l’exécutif. Donald Trump, qui n’est jamais à une contradiction près, a décidé de soutenir le « président en intérim » alors que, depuis quelques mois il déroule un discours sur le non-interventionnisme américain dans les affaires du monde. Officiellement, il s’agit d’un soutien économique. Officieusement, toutes les options sont ouvertes. Finalement, la Maison-Blanche fait du neuf avec du vieux. Elle ressort la doctrine Monroe qui faisait de l’Amérique latine la chasse gardée des Etats-Unis. Le peuple vénézuélien n’est pas sorti d’affaires entre un régime qui ne tient que par la répression et un risque d’intervention extérieure. Le chaos est déjà là. La guerre civile se rapproche