Rattrapage – L’édito de Patrice Chabanet
On lui avait reproché d’avoir fracassé les corps intermédiaires. Il avait boudé, on s’en souvient, le Congrès des maires de France. Hier, Emmanuel Macron a tenté de se rattraper au cours d’une rencontre avec 400 maires de Normandie. Plus de sept heures de questions-réponses. Des prises de parole parfois acérées, mais pas de chahut. Un petit air de campagne électorale. L’exercice a permis au chef de l’Etat de caler le grand débat national. A l’évidence, la tonalité a changé. Il n’y a pratiquement plus de thèmes tabous. Une ouverture qui a ses limites. Ainsi, on pourra parler du retour de l’ISF, mais il n’est vraiment pas dit qu’il sera retenu. On pourra évoquer aussi la suppression des 80 km/h sur les routes secondaires, mais pas question d’envisager un retour généralisé aux 90 km/h.
Bref, Jupiter consent désormais à descendre de son piédestal. Il a d’ailleurs choisi de parler cash, loin du langage technocratique qui lui est souvent reproché. Mais sur la terre ferme il lui arrive d’employer des expressions qui le renferment à nouveau dans sa réputation d’homme pour le moins distant. En faisant le distinguo entre les personnes en difficulté qui sont bien et celles qui « déconnent », il ne pouvait que rallumer une nouvelle polémique. Cela dit, il n’est pas exclu que ces dérapages verbaux soient plus contrôlés qu’il n’y paraît. Une partie de la population, on le sait par les sondages, estime que les chômeurs préfèrent l’assistanat à la recherche d’un emploi.
Pour le reste, Emmanuel Macron semble avoir fait un pari : que le grand débat national sera un succès. Les cahiers de doléances qui se remplissent dans de nombreuses communes et le succès de la rencontre avec les maires ruraux semblent lui donner raison. Une manière d’opposer la proposition à la contestation. Une façon de contourner le mouvement des Gilets jaunes. Sachant, il faut le reconnaître, que ce dernier, en dépit de ses débordements, a permis ce méga sondage à ciel ouvert.