Radicalement vôtre – L’édito de Patrice Chabanet
Chacun y va de sa radicalité. Les Gilets jaunes, du moins une partie, veulent produire aujourd’hui « l’acte VIII » de leur mouvement. De son côté, Emmanuel Macron a affiché hier sa détermination à « aller plus loin, plus fort, plus radicalement » dans ses réformes. Tout se passe comme si les deux camps avaient pleinement conscience que la crise était arrivée à une période charnière. Les sondages montrent en effet que le soutien de l’opinion publique en faveur des Gilets jaunes est moins massif qu’au début. A l’évidence, l’exécutif entend profiter de cette évolution. A l’inverse, l’aile la plus radicale du mouvement contestataire veut à tout prix éviter le phénomène d’usure. L’arrestation d’Eric Drouet, de l’aveu même de l’intéressé, a été utilisée comme un coup de com’, histoire d’entretenir la flamme d’un long combat.
Emmanuel Macron, sonné par une contestation que lui et, d’ailleurs, toute la classe politique n’avaient pas vu venir, est désormais convaincu que la meilleure défense est l’attaque. Concrètement, ce seront des réformes au pas de charge avec, dans le discours, des tirs plus appuyés contre « les agitateurs qui veulent l’insurrection et au fond renverser le gouvernement », pour reprendre les propos de Benjamin Griveaux, porte-parole de ce dernier. La méthode avait été payante au début du quinquennat, avec des syndicats dépassés par le flot des réformes. Une « petite » différence avec maintenant : le bon niveau de popularité dont jouissait le président de la République.
De leur côté, les Gilets jaunes peuvent toujours exercer une forme d’opposition visible, voire spectaculaire, mais la radicalisation de certains n’est pas sans danger pour la sympathie dont a bénéficié l’ensemble du mouvement. Leur prétention à parler au nom de tout le « peuple » agace. Et puis, tout bêtement, la réalité économique reprend le dessus. Le commerce, notamment dans les grandes villes, a été lourdement pénalisé par les manifs. C’est un préjudice que ne manquera pas d’exploiter le gouvernement. C’est la règle pour tout pouvoir en place.