Questions légitimes – L’édito de Christophe Bonnefoy
La France est sur les nerfs. A juste titre. Elle ne doit pas pour autant laisser la raison au placard. Encore moins son sens des responsabilités.
Les Gilets jaunes, par exemple. Ils ont pu penser, il y a quelques jours encore, qu’on voulait les faire taire en les incitant à ne pas manifester à cause des violences perpétrées par les casseurs à Paris, puis dans quelques villes de province. Et que leur mouvement serait voué à disparaître, de ne pouvoir s’exprimer dans la rue. Mais ils peuvent aussi comprendre que depuis mardi soir le pays est repassé en “Urgence attentat”. Et donc, que le risque est énorme, demain, de jouer avec le feu. Personne ne leur a d’ailleurs jamais demandé de quitter les ronds-points. Mais seulement, en quelque sorte, de mettre leur action en mode “pause” en ce qui concerne le fameux Acte V. Il n’y a rien de scandaleux à l’envisager. Ni de la part de l’Etat, ni de celle des Gilets les plus convaincus.
D’un autre côté, on ne peut certes pas appeler les manifestants à la sagesse en arguant des risques encourus, quand dans le même temps on loue la volonté et le courage des Strasbourgeois à vouloir revenir déambuler dans leurs rues commerçantes et sur leur marché de Noël après le drame qu’ils viennent de connaître. A vouloir continuer à vivre, tout simplement, comme après les attentats de 2015, notamment.
Toutes les questions sont légitimes. Les réponses aussi, du moment qu’elles sont réfléchies et pas le fruit d’une colère irraisonnée. Et en tout état de cause, le message des Gilets jaunes est passé. Rien ne les empêche en l’occurrence de continuer leur action et de rester vigilants lors des discussions qui s’annoncent avec le gouvernement. Mais avec raison et sens des responsabilités, pour le coup.