COURU D’AVANCE – L’édito de Patrice CHABANET
LE JOURNAL DE LA HAUTE-MARNE
COURU D’AVANCE – L’édito de Patrice Chabanet
Il faut bien l’admettre : le référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie ne passionne pas les foules en métropole. L’enjeu est important pour les intéressés, mais la partie semble déjà jouée. Ceci explique cela. Les sondages donnent une large avance aux partisans du maintien de l’archipel dans la République française. La campagne s’est déroulée dans le calme, comme s’il fallait déjà songer à l’après-référendum.
Un homme est à l’origine de ce processus démocratique : Michel Rocard. Dès la tragédie d’Ouvéa, il a su construire un processus de réconciliation entre les militants kanaks, les caldoches et l’Etat français. Un tour de force quand le mur de la haine et de la méfiance sépare deux communautés. Les accords de Matignon en juin 1988 ont scellé ce rapprochement. Ceux de Nouméa, dix ans plus tard, les ont confirmés. Une preuve de plus que la volonté politique peut concilier l’inconciliable a priori. Aujourd’hui, la tenue de ce référendum paraît logique. C’est oublier qu’il y a 30 ans, la situation aurait pu complètement dégénérer. Elle ne l’a pas fait, sans doute grâce à la modération des dirigeants kanaks et caldoches.
Pour autant, la question calédonienne est loin d’être réglée. Elle s’est apaisée avec le temps. Les deux communautés cohabitent, plus qu’elles ne vivent ensemble. Des ressentiments demeurent et les différences de statut social maintiennent une épaisse ligne de séparation, pour ne pas dire de ségrégation. La Nouvelle-Calédonie va très certainement rester dans le giron français, mais la République a tout intérêt à donner les mêmes chances, notamment en matière d’études et d’emplois, à tous les Calédoniens, quelle que soit leur origine. Ce serait le meilleur moyen d’inscrire dans le marbre les accords de Matignon. Et de faire respecter le principe d’égalité inscrit dans notre devise et notre Constitution.
Publié le 03 novembre 2018