Incontrôlable – L’édito de Christophe Bonnefoy
Le Brésil, ce n’est pas que Neymar ou le roi Pelé. Le Brésil, ce ne sont pas que les plages de Copacabana. Le pays de Lula, ex-Président jadis adulé, aujourd’hui déchu, c’est aussi la violence qui ronge les favelas, une nation minée par la corruption et les meurtres quotidiens, les règlements de compte entre trafiquants.
Le plus grand pays d’Amérique latine va, ce dimanche, peut-être connaître un tournant qui pourrait menacer d’une certaine manière l’avenir de la planète. Jaïr Bolsonaro est raciste, homophobe, misogyne et pour couronner le tout, l’écologie n’est pas vraiment sa tasse de thé. Il a tout pour déplaire. Mais visiblement… il plaît. Le candidat d’extrême droite à la présidentielle, opposé à celui de la gauche, Fernando Haddad, est donné largement gagnant par les sondages, à quasiment 56 % des suffrages. Pas rien.
En matière d’environnement notamment, le voilà bien loin des interrogations qui taraudent les esprits des gouvernants de la Terre entière. Transition écologique, sauvegarde des forêts, des termes qui lui sont totalement étrangers. Sans vraiment avancer de programme précis ou cohérent – dans tous les domaines d’ailleurs -, le voilà qui veut pêle-mêle supprimer les agences qui traitent du sujet, se dit frileux à l’idée de conserver le Brésil dans l’Accord de Paris sur le climat et veut construire un barrage en pleine Amazonie. Et donc ratiboiser à tout va.
Le Brésil, c’est loin. Pas tant que ça en fait. Les défis qui s’offrent à lui sont un peu quelque part les nôtres. Et la victoire éventuelle de Bolsonaro, ce soir, nous ramènerait à nos propres craintes et nos débats actuels. Ceux qui exacerbent souvent les tensions, chez nous ou chez nos partenaires.