Copie à revoir – L’édito de Patrice Chabanet
Le gouvernement italien n’a pas voulu céder. La Commission européenne non plus : elle a exigé hier que Rome revoie le budget de la péninsule dans les trois semaines à venir. La confrontation était attendue. Elle était même souhaitée par la coalition de la Ligue et du Mouvement 5 Etoiles qui veut la transformer en fer de lance d’une opposition emblématique contre la Commission de Bruxelles. Cette dernière serait, d’après elle, à l’origine de tous les malheurs de l’Italie. Au-delà des mots et, plus particulièrement, des rodomontades de Matteo Salvini, ministre de l’Intérieur et véritable patron du gouvernement italien, on assiste surtout à un jeu de postures qui frise la commedia dell’arte. L’Italie, membre fondateur de ce qui s’appelait le Marché Commun n’a pas intérêt à quitter l’Europe. Le nouveau pouvoir ne l’a jamais proclamé d’ailleurs. Et l’Europe n’a aucun intérêt à voir s’éloigner la troisième puissance de la zone euro.
Mais qui dit posture dit ne pas perdre la face. Il n’est pas exclu que chaque camp reste sur ses positions. Concrètement, cela se traduirait par des sanctions financières, dont le montant n’est pas exorbitant (0,1% du PIB) et qui transiteront par de longues procédures, sans parler des recours possibles. Bref, ce n’est pas pour demain que l’Italie passera à la caisse. En fait, le gouvernement italien n’est pas vraiment attendu sur sa capacité à réduire son déficit (130% du PIB quand même…) mais à résoudre ses contradictions internes. Sa politique économique marie l’eau et le feu : d’un côté elle prévoit de sérieuses réductions fiscales à la Trump, de l’autre une augmentation des dépenses sociales avec la mise en place, entre autres, d’un revenu universel. Cherchez l’erreur…Sans le dire explicitement, Bruxelles table sur l’impact de ces incohérences pour ramener Rome à la raison. C’est sans doute pourquoi le reste de l’Europe ne semble pas paniqué par le solo italien, comme elle l’avait été par la descente aux enfers de la Grèce.