Très drôle – L’édito de Christophe Bonnefoy
Braquer une enseignante avec une arme ne peut être pris que sur le ton de la rigolade, c’est évident ! Ah mais oui, bien sûr, ladite arme était factice, elle n’était susceptible de projeter que des billes. Ouf ! Rions aussi, à la vue de ce second élève qui vient faire le pitre alors qu’il devrait au contraire être atterré par la scène à laquelle il assiste. Allez, soyons fous, trouvons donc – encore – à mourir de rire dans le fait qu’un troisième élève filme la scène et la diffuse aussitôt sur les réseaux sociaux. Selon le lycéen “armé”, en effet, le geste n’était qu’une grosse blague. De très mauvais goût, alors.
Plus affolant encore : l’attitude de la professeure, même pas – ou plus – impressionnée. Tout juste résignée. Comme si ce genre de menaces était aujourd’hui d’une telle banalité qu’il ne faille même plus y faire attention et attendre que ça se passe. Faut-il y voir désormais un point de non-retour ? L’acceptation de faits contre lesquels on ne pourrait plus agir ? Osons penser que non.
D’ailleurs, la réaction, et du ministre de l’Intérieur, et de celui de l’Education, a été immédiate et sans équivoque : les faits sont inacceptables. Au point d’annoncer dans la foulée un «plan d’actions ambitieux» contre les violences visant les enseignants. On peut néanmoins s’interroger. En particulier sur une réponse qui n’intervient que maintenant, alors que ces problèmes d’agression, contre le corps enseignant ou d’autres élèves, ne sont pas nouveaux. Effet d’annonce ? Là également, osons penser que non.
Une chose est en tout cas certaine : ce ne sont pas des mesurettes qui régleront le phénomène. Reste donc à savoir quels moyens on mettra dans ce fameux «plan d’actions». Et s’il sera pérenne.