A la soviétique – L’édito de Patrice Chabanet
Les techniques changent, les méthodes restent. La Russie succède à l’URSS, mais ses services de renseignement conservent les mêmes cibles : l’Occident. La cyberattaque révélée par les autorités néerlandaises a un parfum de guerre froide, avec tout ce qu’il faut de rocambolesque dans le mode opératoire. Le temps des microfilms et des espionnes avenantes est révolu. Aujourd’hui, c’est l’espionnage 2.0. En l’occurrence, quatre hommes ont tenté de pirater le système d’information de l’OIAC (Organisation pour l’interdiction des armes chimiques). Mais, visiblement, ils étaient trop sûrs d’eux-mêmes ou de simples Pieds nickelés. Ils se sont fait prendre comme des bleus. Il n’empêche, le GRU qui est derrière cette opération a été repéré dans de nombreuses actions. Spécialisé dans le renseignement militaire, il a été très actif en Ukraine et en Crimée. On le soupçonne aussi d’être derrière les empoisonnements à l’étranger de dissidents russes.
Cela dit, face aux pays occidentaux, le GRU n’est plus dans la même posture que du temps de l’ex-URSS. A ce moment-là la priorité était la préparation de l’armée soviétique à une confrontation éventuelle avec les pays de l’Otan. Aujourd’hui, son rôle est devenu plus subtil, avec un objectif à peine dissimulé : comment peser sur la vie politique de nos démocraties pour les orienter vers des relations plus étroites avec la Russie. C’est l’intrusion dans les élections américaines. C’est encore le soutien apporté aux nationalistes de plusieurs Etats européens. Les puissances occidentales viennent d’ailleurs de protester contre l’envolée des cyberattaques russes dont elles sont l’objet. Mais pas de panique. La Russie est loin d’avoir le potentiel de haute technologie d’un pays comme les Etats-Unis. Les opérations du GRU sont régulièrement éventées par un contre-espionnage efficace. On vient de le voir à La Haye. Enfin, n’en doutons pas, les services occidentaux ne sont pas démunis pour procéder à des contre-cyberattaques. En toute discrétion.