Un air de déjà-vu – L’édito de Christophe Bonnefoy
Difficile de ne pas sourire à la demande d’examen psychiatrique visant Marine Le Pen. Soit dit en passant, la même requête serait tout aussi risible si elle ciblait d’autres chefs de parti. Bien sûr, on nous l’a rabâché, la procédure est prévue par la loi. Qu’on se le tienne pour dit. Et sans esquisser le moindre tremblement de lèvre. Eclat de rire interdit.
En revanche, on a beaucoup moins envie de s’amuser des méandres judiciaires, lorsqu’on tourne les yeux ces dernières heures du côté de Strasbourg. L’homme soupçonné d’être impliqué dans la disparition de la jeune Sophie Le Tan est bien entendu présumé innocent dans ce qui pourrait au final être un meurtre. Evidence apparente n’est pas et ne doit pas être sentence. Voilà pour la théorie. Car en réalité, c’est un peu toujours la même histoire dans ce genre d’affaires. Un lourd passé judiciaire, des peines qui mettent hors d’état de nuire un homme pendant quelques années. Puis un retour à la vraie vie qui peut s’avérer fatal pour ceux qui croiseront le chemin de celui qui a, comme on dit, payé sa dette à la société. Les exemples ne manquent pas.
Alors forcément, la justice et son symbole, la balance, sont là pour trouver le juste équilibre. Sanctionner suffisamment durement mais laisser une chance. Ne pas oublier de considérer les victimes mais également de déceler une part d’humain chez le pire des bourreaux.
En l’occurrence, se pose presque systématiquement la même question de l’après. Du suivi. De ce retour hors des murs dont chacun reste libre, au bout du compte, de faire ce qu’il veut, même l’innommable. Avec, à chaque fois, ce sentiment d’énorme gâchis lorsque la question revient se poser après un nouveau drame. Toujours trop tard.