Mission accomplie – L’édito de Christophe Bonnefoy
Quoi qu’on puisse en penser, les Français aiment leurs monuments, ils sont attachés à leur patrimoine. Et ils aiment jouer. Pas étonnant alors, qu’ils aient plébiscité l’étonnante “Mission patrimoine”, menée de main de maître par le très populaire Stéphane Bern. Quelque part, ils se sont laissé porter par les arguments du sympathique présentateur, tout autant que par l’appât du gain avouons-le, mais ont aussi voulu montrer leur attachement à cette richesse qu’on ne peut décemment laisser mourir.
Ça n’était pas gagné. A 15 euros le ticket à gratter, rien à voir avec ces Banco, Fétiche ou Morpion qu’une simple piécette suffit à transformer en or. Au contraire, l’achat du sésame avait plus valeur d’investissement, sans retour systématique. Ça n’a pas empêché les joueurs de tenter leur chance, jusqu’à y laisser de petites fortunes.
Mission accomplie, donc. Les monuments en péril peuvent dire merci, et à la Française des jeux, et aux acteurs de l’opération, Stéphane Bern en tête et en l’occurrence Emmanuel Macron, qui cette fois-ci n’a fait aucune erreur sur le casting.
Ceci dit, les quinze à vingt millions déjà récoltés, et qui viendront abonder un fonds destiné à restaurer des monuments très ciblés, sont une goutte d’eau au regard des besoins identifiés, là pour la petite église d’un village, ici pour d’autres bâtiments qui font ou ont fait l’histoire de nos campagnes. Financièrement, cette “Mission” est réussie. Mais il faudra qu’elle s’ancre dans les esprits à long terme. Pas seulement à l’occasion d’un jeu.