Les grands moyens – L’édito de Christophe Bonnefoy
Huit milliards. Voilà ce que coûtera, sur quatre ans, le plan lancé hier contre la grande pauvreté. Huit milliards. Un chiffre qui donne le vertige. Mais qui se justifie largement, au regard de la grande détresse de ceux qui sont concernés. Huit milliards donc, pour redonner l’espoir aux 8,8 millions de Français qui tutoient la misère.
De grands moyens ne garantiront pourtant pas le succès d’un plan qui s’affiche d’ores et déjà comme l’un des plus ambitieux du quinquennat. Un contenant sans contenu solide n’aurait d’autre effet que celui de jeter l’argent au ciel en espérant qu’il revienne au centuple. Néant.
Des 21 mesures détaillées par Emmanuel Macron, certaines resteront anecdotiques, ou pour le moins relativement inefficaces. La cantine à 1 euro par exemple, pour louable qu’elle soit, ne réglera pas le problème de fond. La création d’un service public de l’insertion rappelle sérieusement un guichet unique qui n’a pas vraiment révolutionné nos vies.
La naissance possible d’un revenu universel d’activité, elle, est en revanche un point clé du futur plan. D’aucuns auront aussitôt pensé à la promesse du revenu universel, prôné pendant la présidentielle par Benoît Hamon. Sauf que… le chef de l’Etat ne donne rien sans rien. Son “RUA” se substituerait en quelque sorte à plusieurs prestations sociales. Mais surtout, il serait attribué sous condition de ressources et déclencherait des devoirs de la part des bénéficaires. En particulier celui de s’inscrire dans un parcours d’insertion, sous contrôle des autorités compétentes.
Le plan est prometteur. Reste juste à espérer – et ça n’est pas le moindre souci – qu’il ne sera pas de ces millefeuilles auxquels on ajoute une couche à chaque changement de majorité. Indigeste et inefficace.